NARRATIONS FLEXIBLES

L’exposition Tales Without Grounds (Les contes sans fondements ou les Récits sans sol et sans terre) propose, à l’instar des réalisations précédentes de l’artiste, un univers multiréférentiel où les contrastes et les superpositions se multiplient et suggèrent de nombreuses et différentes réceptions. Véritables histoires sans racines, ces contes, imaginaires, ludiques et fantaisistes, révèlent, selon le regard porté, un habile amalgame, de sources d’inspiration: littéraire, théâtrale, cinématographique, scientifique et psychanalytique. Le catalogue, du même titre, rassemble des photographies tirées de plusieurs séries antérieures: Les dédales d’Ariane (2001), L’Éducation Sentimentale (2000), Disparaitre en bleu (2003), À la recherche des placebos (2002) et Zoosemiotik (2003)….juxtaposant, de façon non linéaire, des images extraites de plusieurs scénarios, un bricolage visuel et littéraire, une mise en signe fidèle aux stratégies plastiques que l’artiste affectionne pour ses narrations flexibles.

Situé dans un espace atemporel et composite, la série de photographies regroupées sous le titre Tales Without Grounds déploie sa narration équivoque en onze tableaux…n’hésite pas à multiplier les clins d’oeil à la Renaissance, aux associations inattendues du surréalisme, à l’éloge du paysage à la manière des romantiques et de celle de Fontainebleau, mais ce, toujours d’après un réalisme descriptif propre au milieu scientifique. L’hydroponie n’est pas une méthode de culture innocente, elle est liée à l’écologie et à la vie. Les racines baignent dans un courant dynamique de solution nourricière, les plantes sont cultivées sans sol et la méthode s’adapte à des espaces très variés, allant de la ville aux régions défavorisées. …il s’avère pertinent de porter un regard nouveau aux oeuvres de Tremblay qui pourrait bien rapprocher son propos des préoccupations du domaine écologique.

IMAGES NOURRICIÈRES

“Au delà de la question de la place de la féminité dans cet environnement peuvent aussi, je l’espère, habiter les émotions d’émois, de confusion, de fascination, de crainte et d’ambivalence devant nos relations et réactions au sein de ces développements scientifiques et d’autre part cultiver des images nourricières” écrit encore la photographe faisant référence à L’eau et les rêves (Gaston Bachelar, 1942)

Tout compte fait, l’oeuvre d’Ève K. Tremblay séduit par sa richesse chromatique, sa fantaisie et son originalité, d’autant plus que l’actualité de ses propos relationnels et socio écologiques concerne étroitement le récepteur d’aujourd’hui soucieux de ce qui se produira demain.”

Texte de Christiane Baillargeon

(Ève K. Tremblay, Portraits- Paysages, dans Vie des Arts, no 208 automne 2007)

“…In her most recent series Tales without Grounds (2005), Eve K. invokes futuristic scenarios in which her subjects are engaged in strange ritualistic activities. Of course, this is the here and now, not the mute fantasia of some tomorrow world. But her staging and pristine atmospherics remind us palpably of cinema. In these large-scale color photographs, she works from the permeable membrane between the ‘interior’ world of the psyche and the ‘exterior’ existence of the life-world, simultaneously evoking the inner lives and external realities of her mysterious protagonists.

Eve K. bravely builds and breaks open potential spaces to birth subjective ontology – and she acknowledges that anxiety cannot be excluded from such spaces. She recognizes that those potential spaces and transitional objects are always already intersubjectively shareable -- but seldom synchronous…”

byJames D. Campbell

(* in Shadowing the Self: Reflections on the Art of Eve K. Tremblay in the monograph Tales Without Grounds, 2006)

"... What exactly makes these pictures, which were after all taken in real places, appear so futuristic. The photographs are not in fact the result of a digital imaging: the sites are really as shown, the human figures are made of flesh and blood, and the light and colour components are not at all artificial. So what is it that makes these depictions into visions, into metaphors of tomorrow’s agriculture... Various characters, who are engaged in mysterious actions, emerge without fully disclosing what they are up to. What is this young girl doing in these surroundings? Is she a farm labourer? But why doesn’t she wear protective clothing like the other workers or researchers? The title “Tales without Grounds” underscores the enigmatic quality of these works. “Without grounds” indicates that the photographs do not lend themselves to a clear-cut interpretation. Regardless of the title, the viewer nevertheless seeks explanations and interpretive links, such as those mentioned above. In any case, the works weave a web of memorable associations that is stretched along the tension points generated between agriculture and technology, and between humans and nature..."

by Justin Hoffmann

(* from text in the monograph Tales Without Grounds (2006) translated from german by Bernard Schutze)

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